CHINOISES (GRANDES ÉDITIONS)

CHINOISES (GRANDES ÉDITIONS)
CHINOISES (GRANDES ÉDITIONS)

CHINOISES GRANDES ÉDITIONS

L’un des traits remarquables de l’édition chinoise, pratiquement depuis ses débuts et jusqu’à ce jour, est la publication de vastes collections dont la visée n’est pas commerciale, mais idéologique ou politique: manifestation de piété (religieuse ou culturelle selon les cas), recherche du prestige, volonté de conserver un patrimoine ou de fixer une orthodoxie. Les grandes éditions de textes religieux bouddhiques et taoïstes (les Canons) étaient réalisées avec des fonds privés ou grâce au patronage de l’État, et le pouvoir impérial s’est très tôt lancé dans l’édition des classiques confucéens et de leurs commentaires (un autre Canon), des histoires dynastiques (elles-mêmes compilées sous l’égide du gouvernement) et, plus tard, d’encyclopédies et de recueils de textes variés, de dimensions parfois impressionnantes. La plupart de ces collections représentaient un investissement massif, et certaines sont des tours de force techniques et des merveilles d’érudition. Les éditeurs comme les pouvoirs publics au XXe siècle se sont lancés dans des entreprises analogues, soit en utilisant les ressources de la typographie et de l’érudition modernes, soit en reproduisant photographiquement des éditions anciennes, le plus souvent dans des reliures à l’occidentale.

Les deux premières éditions imprimées des classiques confucéens ont été produites pendant la période de fragmentation dite des Cinq Dynasties. Il existait des «éditions» officielles gravées sur pierre depuis le IIe siècle (la dernière datant des Tang), et c’est pour en faciliter la diffusion, à l’instar des nombreux textes religieux circulant déjà, que le ministre Feng Dao (882-954) fait préparer une édition imprimée à Luoyang, puis à Kaifeng. Incluant les neuf classiques autorisés sous les Tang, cette édition en cent trente volumes est réalisée de 932 à 953 (sous quatre régimes différents). L’autre édition, sur laquelle on ne sait pas grand-chose, est publiée à ses frais par Wu Zhaoyi, ministre du royaume de Shu au Sichuan, après 944. Les Song entreprennent très vite une nouvelle édition, qui comprend la série définitive des Treize Classiques (chiffre obtenu par un découpage différent et par l’ajout du Mencius ), et qui est achevée en 1011. Le Collège impérial consacre les mêmes soins à produire la première édition officielle des histoires dynastiques (au nombre de 17 à cette époque), réalisée entre 994 et 1061. Le Collège des Ming publie plusieurs versions des Treize Classiques et des (désormais) Vingt et Une Histoires , dont l’une a été entièrement regravée au XVIe siècle. Les mêmes titres se retrouvent dans les «éditions du Palais» (dianben ) produites sous les Qing. Les grandes éditions Qing de textes «laïques» comprennent également le Gujin tushu jicheng — plus de 100 millions de caractères en 5 020 volumes —, imprimé en caractères mobiles de bronze et achevé en 1728 (il s’agit d’une encyclopédie de citations arrangées suivant un classement logique complexe). Une encyclopédie encore plus énorme (arrangée par rimes), le Yongle dadian , avait été préparée par les Ming à Nankin au début du XVe siècle, mais on avait renoncé à l’imprimer (les deux copies manuscrites ont été presque entièrement détruites). Parmi de nombreux autres titres, on citera encore les encyclopédies administratives de type huidian , dont les gouvernements des Ming et des Qing ont publié plusieurs versions, les «géographies générales » (yitongzhi ), ou encore les grands projets littéraires comme l’intégrale annotée de la poésie des Tang (le Quan Tang shi , imprimé à Yangzhou de 1705 à 1707).

Les différentes versions du Canon taoïste (Daozang ) et du Canon bouddhique (sanscrit Tripitaka , chinois Da Zangjing ) sont d’énormes collections réunissant «classiques» (sutras, textes fondateurs du taoïsme philosophique), commentaires, traités de théologie, textes liturgiques de toutes sortes, etc. La première version du Daozang est imprimée sous les auspices des Jin postérieurs en 940. Sous les Song, une nouvelle collection en 5 481 chapitres est produite au Fujian en 1116-1117, ainsi qu’une édition enrichie à Pékin entre 1164 et 1191. Une édition comprenant plus de 7 800 chapitres est produite sous les Jin (Jurchen) à Pingyang (Shanxi), en 1237-1244. L’édition moderne est fondée sur une édition Ming gravée à Pékin (1444-1445 et supplément de 1607) qui comportait plus de 120 000 planches (ou double pages).

Il n’est guère possible de mentionner toutes les éditions du Tripitaka , au nombre d’une quinzaine, dont certaines ont connu une vaste diffusion en Extrême-Orient. La première (130 000 planches) est gravée à Chengdu (Sichuan) en 971-983, sous les Song, et au moins cinq autres sont publiées sous la même dynastie, comptant de 5 000 à 7 000 chapitres, presque toutes reliées en accordéon. On notera une édition en langue Tangut imprimée à Hangzhou sous le régime mongol (achevée en 1302). Les Yuan impriment plusieurs autres éditions, et il en paraît trois, peut-être quatre, sous les Ming, dont la première reliée en fascicules de folios cousus (1589-1677). Le Tripitaka du Dragon (Long Zang ), en 7 168 chapitres, est publié à Pékin en 1735-1738.

Deux éditions japonaises (en chinois) du Canon bouddhique sont imprimées au XVIIe siècle, dont une en caractères mobiles. L’édition en usage aujourd’hui, dite de Taish 拏, a également été publiée au Japon (1922-1936).

Encyclopédie Universelle. 2012.

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